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  • Saint Étienne de Muret, fondateur de l'Ordre de Grandmont

     

     Saint Étienne de Muret, fondateur de l'Ordre de Grandmont

     

     Buste reliquaire de saint Etienne de Muret ( dans l'église de Saint Sylvestre)

     

     

    L'Ordre de Grandmont était un ordre monastique originaire du Limousin fondé vers 1076 et dissous en 1772.

    Cet ordre qui a été assez répandu en Aquitaine, ainsi que de l’Angleterre à l’Espagne, se caractérisait par sa règle et la diffusion de son modèle architectural unique ( tous les monastères sont construits sur le même plan), conforme à la réforme grégorienne

     

    A l'origine de l’ordre de Grandmont, se trouve un ermite , Étienne, surnommé, "Étienne de Muret" après qu’il se soit retiré dans les bois d’Ambazac (au nord de Limoges). C’est un personnage tout à fait historique - même s’il y a des légendes à son sujet - dont l’oeuvre est connue par diverses sources écrites et par la transmission orale de sa règle, tout particulièrement à l'attention de son disciple favori, Hugues de Lacerta,  C'est ce disciple qui fut à l'origine du premier recueil des pensées et directives du saint destiné à ses disciples.

     

    Né vers 1046-1048, Étienne serait, d'après la légende, fils d'un vicomte de Thiers en Auvergne. Dès l'âge de douze ans, il serait partit avec son père en pèlerinage à Bari en Italie, pour y vénérer les reliques de saint Nicolas. Le petit Étienne tomba malade lors de l’escale qu’il fit avec son père, chez l’Archevêque Milon de Bénévent en calabre. L’Archevêque aurait pris Étienne en affection et aurait gardé l’enfant auprès de lui pour faire son éducation pendant douze ans. Plus vraisemblablement il aurait été placé auprès du doyen du chapitre de Paris, Milon, qui, élevé au rang d'archevêque de Bénévent en Italie, aurait emmené le jeune garçon avec lui. 

     

    Le prélat l’aurait ordonné diacre puis élevé au rang d'archidiacre de son diocèse... C’est près de Bénévent ( Calabre ) qu’ Etienne aurait connu une communauté d’ermites (peut-être des Camaldules dont l’ordre fut fondé à Camaldoli en Toscane en 1012) vivant de pauvreté et d’observances régulières (suivant une règle)

     

    Après un séjour de quelques années dans le milieu de la cour pontificale, Étienne regagna le Limousin .

    Selon la tradition, de retour en Auvergne, après la mort de ses parents, il aurait vendu ses biens et distribué l’argent aux pauvres. Il aurait ensuite abandonné à son oncle Guillaume, son titre de vicomte et ses droits de succession sur la baronnie de Thiers. Étienne, en 1076, se serait ensuite retiré dans les bois d’Ambazac au lieu-dit Muret au nord-est de Limoges, après avoir cherché un lieu pour y vivre l’évangile dans la prière et la solitude du ‘’désert‘’, à l’exemple des ermites qu’il avait vus en Calabre. 

     

    A cette époque de recherche de perfection et de renouveau, la vie érémitique séduisait les esprits en quête d'absolu . C’est la grande période des ermites en occident ... Souvent ces ermites se regrouperont et cela aboutira à la fondation d’ordres religieux mêlant les deux formes de vie , celle de l’érémistime et celle plus classique du cénobitisme (les cénobites sont des religieux vivant en communauté, tel les bénédictins, les cisterciens...) . Ainsi les camaldules on été fondé en 1012 puis il y aura la chartreuse en 1084.... 

     

    L’ermite est une personne qui vit seule, loin du monde. Elle cherche le désert (grec eremos) . En Europe de l’ouest elle trouve le désert dans la forêt ( latin for-foris = éloigné, étrange ; foreanus= étranger ). L’ermite cherche à se couper du monde pour se consacrer à Dieu de toute son âme. Le problème de l’ermite c’est que, dés que sa réputation de sainteté est connue et s’accroit, on vient vers lui, de sorte  que rapidement des disciples plus ou moins nombreux se groupent pour recevoir son enseignement et mener une vie semblable . C’était déjà ce qui s’était produit au désert de Thèbes en Égypte avec saint Antoine et les Pères de désert .

     

    Étienne se retire donc dans la forêt d'Ambazac, vers 1075-1079. Pratiquant la vie d'un “anachorète” (l'anachorète est un ascète vivant dans la solitude, c'est le mot équivalent d'ermite) , il dispensa néanmoins à quelques disciples, parmi lesquels Hugues de Lacerta, un enseignement traditionnel basé sur les écrits des Pères de l'Église, dont saint Augustin, et sur les Évangiles. La Vita, écrite au moment de la canonisation d’Étienne au XIIe siècle, le présente comme un fondateur d’ordre. Cependant, il est resté diacre : il n’a pas revêtu l’habit des moines, ni celui des chanoines. Étienne et ses premiers compagnons se distinguent par leur choix d’une vie d’excessive pauvreté. Il interdit toute possession de terres au-delà des bornes du domaine, tout animal hormis les abeilles. Muret est si peu étendu que les ermites vivent des dons suscités par leurs prières. Étienne et ses frères pratiquent les travaux manuels, les cultures de subsistance, sans règle, dans leur enclos, loin du monde. Son  disciple Hugues de Lacerta a transmis son idéal de vie et sa doctrine fondée sur l’Évangile : ce fut la base de la Règle de l’Ordre.

     

    Étienne est mort le 8 février 1125 La Règle de l'Ordre fut approuvée par le Pape Adrien IV le 25 mars 1156.. Étienne de Muret fut canonisé en 1189 par le Pape Clément III. La cérémonie eut lieu à Grandmont, le 30 août 1189.

     

     Ce n'est qu'après sa mort que ses disciples, sous le priorat de Pierre de Limoges, qu’eu lieu, le transfert de la petite communauté de Muret dans le lieu-dit de "Grandmont" sur la paroisse de Saint Sylvestre. (A la mort d'Étienne, le 8 février 1124, ses disciples furent chassés du bois de Muret par les bénédictins d'Ambazac, qui avait donné la jouissance du lieu à Étienne sa vie durant, mais non à sa communauté ). Les disciples d’Etienne entreprirent alors la construction d'une église et vécurent selon la règle de vie édictée par leur fondateur. C’est cette fondation connue par la suite sous le nom d'Ordre de Grandmont.  (Cette érection avait été rendue possible grâce au don de terres par l'impératrice Mathilde, épouse en seconde noces de Geoffroy Plantagenêt et mère du futur Henri II, roi d'Angleterre. )

    L'ordre a par la suite essaimé dans tout le domaine Plantagenêt, de l'Aquitaine à l'Angleterre. 

     

    Les religieux de cet ordre, les Grandmontains,  suivaient une règle austère. L'ordre était Issu de l’érémitisme tout en empruntant des traits cénobitiques. C’était en quelque sorte des ermites vivant en commun comme le sont les camaldules ou les chartreux . Cependant l’aspect cénobitique était plus appuyé que dans d’autres communautés ayant l’érémitisme pour origine . Ainsi les grandmontains prenaient leurs repas en commun et couchaient en dortoir ( contrairement aux chartreux ). La règle stipulait le silence absolu en dehors des offices, des jeûnes fréquents et la quête d'aumônes auprès des paysans. Mais il semble qu'ils redistribuaient aussi beaucoup, car ils furent surnommés les Bonshommes . Le Coutumier organisait avec précision la vie de la communauté.

     

    L'Ordre de Grandmont comprenait des frères laïcs, les convers, pour les tâches matérielles, et des frères religieux, les clercs, qui se consacraient à la prière. Mais tous se trouvaient sur un pied d'égalité .

    Bien sûr, comme dans tous les ordres monastiques, il y eut des crises et la simplicité originelle de la Règle fut contrariée  par la croissance rapide de l'Ordre. Favorisés par les Plantagenêt, les grandmontains avaient, au XIIe siècle, une expansion rapide dans toute l’Aquitaine,Plus de 160 maisons avaient été ainsi créées à la fin du Xllle siècle avec 1200 religieux.

     

    Avec l'extension de l'Ordre celui-ci reçoit des aumônes. Des bienfaiteurs donnent des rentes, des dîmes, des domaines. Les biens à gérer deviennent importants. Mais de nombreux conflits apparurent entre clercs et convers. mais des révoltes de convers, en 1185-1188, puis en 1214-1220, amenèrent le déclin de l’ordre.

     

    En 1216, les maisons furent placées sous l'autorité d'un Correcteur choisi parmi les clercs. Le pape Jean XXII essaya, sans grand succès, de réorganiser l’ordre des grandmontains suite à la révolte des convers en 1317 . Il créa alors 39 prieurés regroupant des maisons annexes . Le prieuré de Grandmont devenait  ainsi abbaye, chef d'Ordre.

     

    La Guerre de Cent Ans, les Guerres de Religion et l’ instauration de la commende furent précipitèrent  l'affaiblissement de l'Ordre du XlVe au XVle siècle que n’arriva pas à enrayer une réforme de ses institutions menée au XVlle . 

     

    C’est “la Commission des réguliers” qui fut l’occasion de la destruction de l'Ordre de Grandmont . Celle-ci  fut particulièrement l’oeuvre de Loménie de Brienne, archevêque de Toulouse ( rapporteur devant la Commission ) , et Plessis d Argentré, évêque de Limoges ( grand bénéficiaire de l'opération ).

    L'extinction de l'Ordre fut prononcée par le pape Clément XVI  le 6 août 1772, mais ne fut confirmée par Louis XVI qu'en Mai 1784 .

    Malgré la résistance du dernier abbé de Grandmont, Xavier Mondain de la Maison Rouge, l'Ordre disparut à sa mort le 11 avril 1787. Les derniers grandmontains quittèrent l'abbaye en Juillet 1788 . Les bâtiments de l'abbaye furent démolis à la Révolution. 

     

     

    Sur la destruction de l’ordre de Grandmont on peut se reporter au livre de M Gilles BRESSON : "la Malédiction des Grandmontains"

     

    La commende était un système qui permettait de faire bénéficier d’une partie des revenus d’une abbaye ou d’un prieuré une personne extérieure à cette maison . Ainsi un abbé (ou un prieur) commendataire est un ecclésiastique, ou quelquefois un laïc, qui tient une abbaye (ou un prieuré) in commendam, c'est-à-dire qui en perçoit les revenus et qui, s'il s'agit d'un ecclésiastique, peut aussi exercer une certaine juridiction sans toutefois exercer la moindre autorité sur la discipline intérieure des moines.

    À l'origine seules les abbayes vacantes, comme celles qui se trouvaient provisoirement sans supérieur effectif, étaient données in commendam et, dans le dernier cas, seulement jusqu'à ce qu'un supérieur effectif eût été élu ou nommé. Une abbaye est tenue in commendam, c'est-à-dire à titre provisoire, ce qui la distingue de celles qui sont tenue in titulum, et qui sont des bénéfices permanents.

    Seulement le système se généralisa . La commende devint perpétuelle ce qui entraîna la décadence des maisons religieuses et des ordres eux-mêmes

     

    La Commission des Réguliers (1766-1780) avait été instituée à la demande de Louis XV pour réfréner les abus du clergé et examiner la situation financière des établissements ecclésiastiques aux ressources insuffisantes

     

    Saint Étienne de Muret, fondateur de l'Ordre de Grandmont



    Dégagnazes prieuré grandmontain ! certes, mais quel était cet ordre religieux aujourd'hui disparu ?

     

    http://grandmont.pagesperso-orange.fr/Ordre_de_Grandmont.html (cliquer sur le lien)


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